Tramway d’Alexandrie . Après trois jours de grèves, les usagers ont été surpris par un doublement des tarifs. Les conducteurs sont accusés d’avoir pris cette initiative, tandis que le gouverneur pointe du doigt des responsables de l’organisme des transports.

Le trafic reprend

Pour la première fois depuis plus de 150 ans, le bruit des tramways s’est tu à Alexandrie pendant trois jours. Le tramway d’Alexandrie avec ses couleurs jaune et bleu a cessé de circuler en raison d’une grève des traminots, dépendant de l’Organisme des transports publics. Moyen de transport régulier et bon marché (25 pts), transportant quotidiennement des milliers d’étudiants et de fonctionnaires, le tramway est un outil central de la vie des Alexandrins. La grève a provoqué une paralysie presque complète de la deuxième plus grande ville d’Egypte.

A la différence des conducteurs de bus du Caire, en grève depuis près d’une semaine, ceux du tramway d’Alexandrie ont décidé d’abandonner au bout de trois jours l’arme de la grève et de reprendre les choses en main. Ils auraient décidé eux-mêmes de doubler le tarif du billet qui a atteint désormais 50 pts pour les trajets jusqu’à minuit et 1 L.E. de minuit à 6h du matin. Une accusation qu’ils renvoient à leurs supérieurs.

Les doléances de cette tranche d’employés sont anciennes. Mohamad Moustapha, conducteur de tramway, assure que l’augmentation du tarif des billets avait été prévue quelques mois avant la révolution du 25 janvier 2011, mais qu’elle n’a pas été mise en application à cause des événements.

Il indique que les traminots d’Alexandrie, ayant toujours été victimes d’une terrible injustice, avaient présenté ces dernières années plusieurs demandes pour une amélioration de leurs conditions de travail, mais les responsables ne leur ont prêté aucune attention. « Cela fait plus de trois ans que nous avons présenté nos revendications, telles que l’augmentation des salaires, aux responsables. Les négociations et les réunions successives avec les membres de l’administration à l’organisme central n’ont eu aucun résultat », regrette Mohamad Moustapha.

Prime de fin de service

Parmi les quinze demandes des traminots présentées au président de l’Organisme des transports publics, Qassim Cherine, figurent notamment l’augmentation de la prime de fin de service pour qu’elle atteigne cent fois le salaire de base au moment de la retraite (au lieu des 15 000 L.E. versées aujourd’hui après 50 ans de service), l’embauche des employés temporaires en service depuis plus de 6 mois et l’augmentation des subventions à l’école et aux fêtes religieuses de 20 à 30 L.E. Les conducteurs demandent également l’amélioration des conditions de travail, ce qui implique, selon eux, la suppression des empiétements des vendeurs qui occupent les stations de tramway et leur protection contre les actes de banditisme et de pillage, surtout durant la nuit.

Le gouverneur d’Alexandrie, Ossama Al-Fouly, est actuellement en train de discuter avec le gouvernement et les ministères concernés pour étudier les demandes des traminots et des employés de l’organisme. Il a demandé la semaine dernière l’ouverture d’une enquête administrative immédiate et rapide sur un certain nombre de fonctionnaires du comité de transport général à Alexandrie, accusés d’être derrière l’augmentation des tarifs sans décision préalable du gouvernorat. « Je suis sûr que ce sont des dirigeants de l’organisme et non les traminots qui ont décidé de cette augmentation, puisque ces derniers ne font que distribuer les billets qu’ils reçoivent. Ces dirigeants ont trouvé dans cet acte sans précédent une solution idéale leur permettant d’augmenter leurs salaires », conclut Al-Fouly, qui a ordonné également le retour immédiat de l’ancien tarif. Il nie fermement l’intention d’augmenter les tarifs des moyens de transport public de la ville, y compris les tramways, les minibus et les autobus .

Samar Zarée