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 Semaine du 14 au 20 décembre 2011, numéro 900

 

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Politique . Formé dans un contexte de crise, le gouvernement du premier ministre Kamal Al-Ganzouri, sévèrement contesté, mise sur la sécurité et l’économie pour gagner la confiance de la rue.

Deux missions bien définies

Nommé le 25 novembre dernier, le nouveau premier ministre Kamal Al-Ganzouri a finalement prêté serment devant le chef du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) mercredi 7 décembre. Ganzouri a avoué avoir eu beaucoup de difficultés pour former son équipe. Celle-ci ne compte aucune figure des jeunes formations issues de la révolution pour lesquelles ce prochain cabinet ne sera qu’un prolongement de l’ancien régime. Ganzouri ayant en effet servi sous le règne du président Moubarak d’abord comme ministre puis comme chef de gouvernement dans les années 1990.

D’ailleurs, beaucoup de protestataires sont en sit-in depuis près de deux semaines devant les bâtiments du Conseil des ministres, dans une tentative de l’empêcher d’accéder à son bureau (voir encadré).

Face à un déluge de critiques, Ganzouri essaye de se distinguer de son prédécesseur Essam Charaf, jugé très faible vis-à-vis du Conseil militaire. Il rassure avoir réussi à arracher aux militaires de pleins pouvoirs présidentiels, et appelle tous les courants et les partis politiques à « mettre en avant l’intérêt public ». D’après Ganzouri, la situation actuelle de l’Egypte ne satisfait personne et il faut désormais serrer les rangs pour pouvoir surmonter les crises actuelles.

Mais, l’annonce de la configuration de son nouveau cabinet — notamment les titulaires des portefeuilles de l’Intérieur et de l’Information — n’a pas tardé à raviver les critiques.

En tout, Ganzouri a gardé 12 ministres ayant servi dans le cabinet sortant de l’ex-premier ministre Essam Charaf. Parmi ceux qui ont conservé leur poste figurent notamment Mohamad Kamel Amr, ministre des Affaires étrangères, Fayza Aboul-Naga, celle de la Coopération internationale, et Gouda Abdel-Khaleq,  celui de l’Approvisionnement.

Une démarche fut néanmoins saluée, celle de la nouvelle séparation du ministère des Assurances sociales de celui des Finances qui avaient été fusionnés sous le gouvernement d’Ahmad Nazif en 2004.

Des rapports de l’Organisme central des comptes avaient dévoilé que l’Etat a investi les fonds des assurances dans le financement de certains projets, ce qui a soulevé de vives inquiétudes de la part des retraités sur le sort de ces sommes comptées en centaines de milliards de L.E. Cette décision de séparer les deux ministères a été donc la bienvenue pour une importante tranche sociale, même si un nouveau ministère attendu, celui qui devra s’occuper de l’indemnisation des familles des victimes et des blessés de la révolution tombés en janvier et février derniers, n’a pas encore vu le jour. Le nouveau premier ministre aurait préféré utiliser les fonds nécessaires pour la création d’un nouveau ministère pour « augmenter le plafond des indemnités ».

Le ministère de l’Intérieur est passé au général Mohamad Ibrahim Youssef, ancien directeur de sécurité du gouvernorat de Guiza, et figure déjà ternie par la violente répression en 2005 d’un sit-in organisé devant les bureaux de l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés, et qui a fait 25 morts parmi des réfugiés soudanais. En tant que responsable de la sécurité de ce gouvernorat, Youssef a aussi été témoin de nombreuses affaires de torture et de violations des droits de l’homme, notamment celles du chauffeur de microbus Emad Al-Kébir, filmé sodomisé dans un commissariat.

Beaucoup estiment un tel profil trop entaché pour pouvoir redorer le blason du ministère de l’Intérieur et assurer sa restructuration idéologique et institutionnelle promise.

Le nouveau ministre de l’Information, le général Ahmad Anis, est lui aussi hanté par son histoire d’ancien président de l’Union de la Radiotélévision égyptienne. Sa nomination a été conçue comme une intention de la part des militaires de garder leur emprise sur les médias. Déjà depuis leur accession au pouvoir le 11 février, les militaires ont interdit certaines chaînes satellites, convoqué et interrogé un nombre de journalistes jugés trop critiques et émis des avertissements à l’intention d’autres.

Bilal Fadl, journaliste, rejette l’idée même de conserver le ministère d’Information qui n’existe pas dans la plupart des pays démocratiques. « De quelle révolution peut-on parler alors que ceux qui tiennent les rênes du pays ne sont que des élèves fidèles de l’ancien régime ? Non seulement ils ont conservé ce ministère déplorable, mais aussi il ont nommé à sa tête un disciple d’Anas Al-Fiqi, ministre de l’Information des dernières années Moubarak », dénonce Fadl, qui ne détecte aucune volonté de libérer les médias publics.

Cela dit, certains observateurs estiment qu’en dehors des cercles politisés, les citoyens s’intéressent peu aux noms des ministres et de leurs antécédents. « Le simple citoyen est maintenant plus concerné par son quotidien plus que par la politique. Ce gouvernement est un gouvernement de transition qui va essayer de trouver des solutions à la situation économique, notamment en reconsidérant les offres de prêts du FMI et de la Banque mondiale », estime Mohamad Abdel-Alim, du parti du néo-Wafd. 

« Il ne faut pas s’attendre à ce que le gouvernement d’Al-Ganzouri concrétise les objectifs de la révolution. Il lui suffira de réussir à stopper la détérioration économique et à améliorer la situation sécuritaire dans le pays pour se faire accepter par la majorité des Egyptiens », ajoute-t-il.

Une logique que rejette catégoriquement le politologue et ancien député indépendant, Gamal Zahrane. Celui-ci ne croit pas que les mouvements pro-démocrates puissent rester les bras croisés face à un gouvernement qui ne vise qu’à liquider leur révolution. « Est-ce seul Ganzouri est capable de redresser l’économie et de rétablir la sécurité ? D’autres comme ElBaradei par exemple y parviendraient », assure-t-il en référence au prix Nobel de la paix. « Certes, il allait y réussir, sauf que pour le Conseil militaire, ElBaradei allait être un mauvais partenaire dans le complot de la contre-révolution », conclut Zahrane.

May Al-Maghrabi

 




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