RD Congo .
L’atmosphère est tendue à Kinshasa après la proclamation de
la victoire du président sortant Joseph Kabila. Des
résultats électoraux rejetés par l’opposition qui les
constate comme une véritable provocation.
Une
situation très volatile
Les
résultats des élections présidentielles qui ont indiqué la
victoire du président sortant Joseph Kabila avec 48,95 % des
voix face à son rival Etienne Tshisekedi (32,33 %) ont levé
la tension en République Démocratique du Congo (RDC).
Plusieurs incidents se sont
produits juste après la proclamation des résultats vendredi
par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI),
mais il est difficile actuellement de les établir. Le bilan
provisoire officiel a indiqué la mort de 4 personnes, dont 3
pillards. Selon Radio Okapi, la radio parrainée par la
mission de l’Onu, 6 personnes ont été tuées dans la capitale.
En fait, selon l’opposition, ces législatives constituaient
« une véritable provocation ». Les observateurs
internationaux du centre Carter ont estimé que les résultats
de la présidentielle manquent de crédibilité. « A plusieurs
endroits, il a été rapporté des taux de participation élevés
allant de 99 à 100 %, ce qui est impossible, avec toutes ou
presque toutes les voix allant à Kabila, comme au Katanga (sud-est),
bastion du président sortant », relève le centre Carter.
En revanche, selon l’ONG,
dans d’autres régions, de hauts pourcentages (de voix)
similaires pour Etienne Tshisekedi ne révèlent pas la même
coïncidence de recueil parfait des résultats des bureaux de
vote et une participation extrêmement élevée.
En outre, à Kinshasa, fief
de Tshisekedi, il y a eu une perte de quelque 2 000
résultats de bureaux de vote. Le centre Carter a voulu
montrer que ces constatations ne signifient pas que l’ordre
final des candidats est forcément différent de celui annoncé
par la Céni, mais uniquement que le processus de traitement
des résultats n’est pas crédible. Arrivé en seconde position
avec 32,3 % des suffrages (5 864 775 voix), le candidat de
l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS),
Etienne Tshisekedi, 78 ans, n’a donc pas reconnu sa «
défaite », surtout dans un climat de fortes suspicions de
fraudes électorales. Ainsi, il s’est autoproclamé «
président élu » de la RDC, ceci en rejetant « en bloc » le
résultat de la Céni, et en donnant son propre score :
54 % des voix contre 26 % à Joseph Kabila. Une proclamation
rejetée par le pouvoir qui a menacé l’opposant. « Nous
devons dénoncer fermement l’autoproclamation de M. Etienne
Tshisekedi. Il s’agit d’un acte irresponsable qui viole les
lois de la République et qui porte atteinte à la
Constitution », a affirmé le porte-parole du gouvernement,
Lambert Mende.
Ainsi, face à ses
déclarations, Tshisekedi a exhorté les Congolais à rester
soudés derrière lui pour faire face aux événements qui vont
suivre, mais a toutefois appelé la population à rester calme
et sereine. En fait, cette élection présidentielle est la 2e
dans un pays qui a connu le chaos (2 guerres de 1996 à
2003).
L’inquiétude du
renouvellement des violences a touché la communauté
internationale, de Washington à Londres, Bruxelles et Paris.
Ainsi, elle a appelé au dialogue et à l’apaisement, en
invitant les acteurs politiques à utiliser les moyens légaux
s’ils veulent contester le résultat.
Mécanismes légaux
D’autre part, le secrétaire
général de l’Onu, Ban Ki-moon, a appelé au calme tout en
demandant que tous les différends concernant les résultats
provisoires des élections soient résolus pacifiquement par
l’intermédiaire des mécanismes légaux et de médiation
existants.
Par ailleurs, la Cour
Suprême de Justice (CSJ) a pris le relais de la Céni et
proclamera officiellement le vainqueur le 17 décembre. Le
Royaume-Uni s’est dit « préoccupé » par des soupçons
d’irrégularités et a appelé la CSJ à examiner les recours
rapidement et de façon transparente.
Mais Etienne Tshisekedi a
exclu d’emblée tout recours devant la CSJ, en la qualifiant
d’institution privée de Kabila. En fait, la CSJ a déjà fait
l’objet de critiques. Fin novembre, les missions de l’UE et
du centre Carter ont dénoncé son manque de transparence en
matière de contentieux électoraux. Jusqu’au 28 octobre, la
CSJ comptait 7 magistrats, mais le président Kabila en a
nommé de nouveaux pour arriver à un total de 27.
M. Tshisekedi avait mis en
demeure Joseph Kabila de « respecter la volonté du peuple »,
faute de quoi il pourrait lancer un « mot d’ordre », sans
donner plus de précisions. Les réactions contre ses
élections ne sont pas limitées aux Congolais à l’intérieur,
mais aussi à l’extérieur. A peu près 500 Congolais ont
manifesté à Londres contre la réélection contestée du
président Joseph Kabila. Ils ont exprimé leur colère contre
le président sortant. « C’est un assassin. Personne n’a voté
pour lui. Nous ne voulons pas de lui au Congo », a déclaré
une jeune manifestante.
Sabah Sabet