Téléphones Portables.
Face aux dangers présentés par les appareils hors d’usage et
surtout leurs batteries, quelques solutions pour la
collecte, le tri et le recyclage apparaissent. Elles
demandent à être étendues.
Les dechets sont bien encombrants
Depuis deux semaines, des points de collecte de vieux
téléphones portables sont installés dans 98 % des magasins
Vodafone Egypt. L’opérateur fait aussi une offre : «
Echangez votre ancien portable et sa batterie contre un
crédit de communication de 25 L.E. ». Comme dans le reste du
monde, il applique ainsi le concept du « un pour un ». Une
initiative destinée à sensibiliser les clients aux problèmes
environnementaux liés aux déchets des portables. En effet, «
il est important de se débarrasser proprement d’un ensemble
de substances toxiques comme le cadmium, le mercure, le
plomb pour protéger la santé et l’environnement », déclare
Mohamad Ismaïl, responsable des déchets dangereux au sein du
département des déchets solides au ministère de
l’Environnement.
Dans les magasins pratiquant l’opération, « les clients sont
d’abord étonnés. Ils se demandent pourquoi on leur demande
les portables hors d’usage et les vieilles batteries. On
leur explique alors les répercussions négatives sur
l’environnement des déchets issus des produits électroniques
», note un vendeur. De son côté, un client trouve que «
l’idée est très bonne. Je ne savais pas comment me
débarrasser de mes vieux téléphones dans les tiroirs ».
Mais si le secteur privé se montre plus réceptif au
problème, son action est encore limitée, car il n’existe pas
encore en Egypte de point de tri et de traitement de ces
déchets. Pour renouveler et recycler un portable, il faut
alors avoir recours aux sociétés de recyclage en Europe. «
On s’est mis d’accord avec une grande société en Angleterre
à la fin de l’année 2008 pour lui envoyer nos produits usés,
pour qu’elle procède à leur traitement », déclare Noha Saad,
responsable chez Vodafone. Elle poursuit : « En 2004, lors
de la première phase de l’opération de collecte, on a
rassemblé 500 anciens portables et 1 000 batteries en 6
mois. La deuxième phase a commencé il y a deux semaines et
on a déjà réussi à collecter 4 000 unités et 5 000 batteries
». Ce qui prouve sans doute une prise de conscience des
utilisateurs.
Quant à la société Mobinil, et sous les auspices du
ministère de l’Environnement, elle a signé avec Fonebak,
basée au Royaume-Uni et spécialiste du recyclage des piles
des téléphones portables, un accord en juin 2005. « En 2007,
nous avons envoyé 26 000 vieux portables à Fonebak. Ce qui
représente 1 500 kg », expose le directeur au service des
affaires de la santé et de l’environnement de l’opérateur
égyptien, Chérif Eissa.
La pire des solutions
Le téléphone mobile est l’appareil électronique le plus
vendu depuis le début du siècle, mais aussi le moins
recyclé. Selon une récente étude menée par Nokia auprès de 6
500 personnes dans 13 pays, 3 % seulement des détenteurs de
téléphones portables recyclent les appareils qu’ils
n’utilisent plus. 44 % se contentent de les stocker au cas
où. 16 % les revendent sur Internet. Les autres leur offrent
une deuxième vie, en les donnant à des proches ou en les
revendant. 4 % seulement des personnes les jettent à la
poubelle. C’est pourtant là la pire des solutions. Selon
Wessam Abdou, spécialiste senior de la qualité de
l’environnement chez Mobinil, l’incinération en plein air ou
le brûlage de ces substances peut dégager des dioxines et
furanes très toxiques et lentes à se dégrader. Si on les
fait enterrer, ces produits provoqueront des effets
chroniques sur les plantes, les animaux et les
micro-organismes. Jetée dans la nature, une batterie
contenant des substances de cadmium peut contaminer 600 000
litres d’eau et provoquer des dommages aux reins et aux os
des êtres vivants. Ajoutons à cela que le plomb et le
mercure sont mauvais pour le cerveau et le système nerveux
et immunitaire des enfants et fœtus. Un autre métal
hautement toxique, le béryllium, peut induire des
complications pulmonaires s’il n’est pas incinéré dans une
usine spécialisée.
Un danger qui a engendré des initiatives en Europe. Des
associations et entreprises d’économie solidaire permettent
ainsi aux personnes en difficulté de se réinsérer dans le
monde du travail en procédant au tri, au démantèlement
et à la récupération des pièces détachées de portables.
Celles-ci sont revendues comme « matières premières
secondaires ». C’est-à-dire que les métaux précieux
(platine, or, argent et cuivre) sont récupérés pour en faire
des bijoux, des tuyaux en cuivre, etc. « Avec 200 téléphones
portables récupérés, il est possible de fabriquer une bague
en or ! », précise Hossam Allam. Et d’ajouter que le nickel
est réutilisé pour la fabrication des casseroles en inox.
A ce sujet, un forum va être organisé en Egypte les 9 et 10
février prochain, avec la participation de 18 pays européens
et arabes. Un nombre considérable d’experts et de
responsables sont attendus dans le but de sensibiliser les
jeunes et de les informer aux effets négatifs des déchets
électroniques, d’aider le secteur privé à se débarrasser de
ces déchets, et le plus important : encourager les
entrepreneurs dans le domaine du recyclage.
Manar
Attiya