Zimbabwe.
Le parti d’opposition a décidé de former un gouvernement
d’union avec le président Robert Mugabe à la mi-février. Une
décision importante pour mettre fin à la crise qui paralyse
le pays.
La fin du blocage ?
Après près d’un an de blocage politique et de difficiles
négociations, les partis en conflit zimbabwéens ont accepté
de former un gouvernement d’union nationale.
Sous pression régionale, le principal parti d’opposition, le
Mouvement pour le changement démocratique (MDC) s’est plié
aux recommandations des leaders d’Afrique australe, qui
avaient fixé la date du 13 février pour l’entrée en fonction
du gouvernement de coalition. « Nous avons pris une décision
sans équivoque. Nous irons dans ce gouvernement », a lancé
son leader, Morgan Tsvangirai, à l’issue d’une réunion du
Conseil national du MDC à Harare.
« La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a
décidé, et nous sommes liés par cette décision. Le 11
février aura lieu la prestation de serment du premier
ministre et de ses adjoints », a-t-il ajouté. Immédiatement,
le régime a salué la décision du MDC. « Pour la première
fois, ils (le MDC) se reconnaissent comme Zimbabwéens », a
déclaré le ministre de l’Information, Paul Mangwana.
En effet, l’annonce de M. Tsvangirai intervient quatre mois
et demi après la signature par le président et le leader de
l’opposition d’un accord de partage du pouvoir pour sortir
de la crise née de la défaite du régime aux élections
générales de mars 2008.
Selon les termes de cet accord, M. Mugabe, au pouvoir depuis
l’indépendance en 1980, doit rester président et M.
Tsvangirai devenir premier ministre d’un gouvernement
incluant des ministres de leurs partis, ainsi que des
représentants d’une petite faction dissidente du MDC. Mais
une entente sur des ministères-clés reste toujours sans
solution.
En raison de leurs différends, l’opposition, qui dispose
depuis mars d’une majorité au Parlement, avait jusqu’à
présent refusé d’appliquer cet accord par crainte d’être
cantonnée dans un rôle subalterne. De sa part, le MDC
souhaitait notamment une répartition équitable des
portefeuilles ministériels et la libération de ses militants
détenus et un droit de regard sur la nomination des
gouverneurs provinciaux. « Il faut que les points en suspens
soient résolus », a répété vendredi M. Tsvangirai. De
l’autre côté, le parti au pouvoir, l’Union nationale
africaine du Zimbabwe-front patriotique (Zanu-PF), a refusé
de céder plusieurs ministères et il campe toujours sur sa
position. A cet égard, les dirigeants de la SADC (Communauté
de développement d’Afrique australe) se sont réunis la
semaine dernière à Pretoria pour mettre fin à cette impasse
politique. Ils ont décidé de reporter l’examen de ces
questions à plus tard, estimant qu’il fallait d’abord mettre
en place le gouvernement de coalition. Cette position avait
suscité des remous au sein du MDC et après de brèves
négociations, les partisans de la ligne dure ont finalement
cédé pour plusieurs raisons. D’abord, la paralysie politique
au Zimbabwe aggrave une crise économique et humanitaire sans
précédent. L’inflation se chiffre en milliards pour cent, le
taux de chômage s’élève à 94 % et sept millions de
Zimbabwéens, soit plus de la moitié de la population,
dépendent de l’aide alimentaire. En plus, une épidémie de
choléra a fait depuis début août plus de 3 000 morts et 60
000 malades. « Les gens souffrent, et nous voulons jouer un
rôle dans la résolution de ces problèmes », a expliqué M.
Tsvangirai.
En première réaction, le Conseil exécutif de l’Union
Africaine (UA) a adopté « une décision sur le Zimbabwe qui
appelle à la levée des sanctions contre le Zimbabwe, afin
d’améliorer la situation humanitaire dans le pays », selon
le texte adopté par le Conseil des ministres des Affaires
étrangères de l’UA. De son côté, le président de la
commission de l’UA, Jean Ping, a déclaré que « tout le monde
aujourd’hui devrait aider le Zimbabwe à reconstruire son
économie parce qu’un accord a été conclu ». En plus, l’UA
invite ses 53 Etats membres et les partenaires à apporter
leur appui total à la mise en œuvre de l’accord de paix
global, y compris les efforts qui sont faits pour résoudre
les graves problèmes socio-économiques auxquels le Zimbabwe
est confronté.
Quant aux Etats-Unis, ils ont annoncé que les sanctions
variées qu’ils imposent aux dirigeants zimbabwéens ne
devraient pas être levées immédiatement. « Les Etats-Unis
sont échaudés par de précédentes annonces d’accord qui n’ont
jamais été suivies d’effet et attendent de voir un
gouvernement d’union formé avant toute décision sur l’avenir
des relations avec le Zimbabwe », a déclaré un porte-parole
du département d’Etat, Robert Wood. « Quand un gouvernement
reflétant la volonté du peuple zimbabwéen sera mis en place,
les Etats-Unis verront ce qu’ils peuvent faire pour
continuer à aider le peuple zimbabwéen. Mais attendons
d’avoir un gouvernement reflétant la volonté du peuple ».
Maha
Salem