Al-Ahram Hebdo,Invité | Talal Abou-Ghazala
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 21 au 27 janvier 2009, numéro 750

 

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Invité

Vice-président d’une agence de l’Onu spécialisée dans la bonne gouvernance économique, le Jordanien Talal Abou-Ghazala évoque la situation dans le monde arabe concernant la moralisation des pratiques économiques, la lutte contre la corruption et le respect des droits d’auteur.

 

« Lutter contre la corruption devrait aussi s’attaquer aux corrupteurs dans les pays développés »

 

Al-ahram hebdo : Vous avez co-présidé une conférence, qui s’est tenue au Caire le 11 janvier, sur la fondation d’une Société de la connaissance afro-asiatique. En quoi consiste cette idée ?

Talal Abou-Ghazala : L’idée de fonder un réseau afro-asiatique créant des canaux de contacts entre tous les partenaires de la société dans les Etats africains et asiatiques vise à profiter des technologies de communication dans le but du développement économique, dans le cadre des politiques gouvernementales actuelles. C’est ainsi que nos objectifs ont concordé avec ceux de l’Organisation de solidarité des peuples afro-asiatiques qui siège au Caire et qui dirige cette initiative en coopération avec le Groupe arabe de management et d’administration que je préside. La conférence a encouragé des experts africains et asiatiques à se concerter sur différents axes comme la création d’un environnement propice, la fondation de canaux de contacts, l’échange entre les sociétés afro-asiatiques, etc.

— En 2007, vous avez été nommé par le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, comme vice-président de Global Compact, une agence dépendant de l’Organisation internationale. Quelle est la mission principale de cette institution spécialisée dans la bonne gouvernance ?

— Cette agence est l’unique institution directement présidée par le secrétaire général de l’Onu. L’objectif essentiel de l’institution est de renforcer les principes sur lesquels l’Onu est fondée, à l’exception des principes concernant la politique et la sécurité et autres thèmes de discorde. L’institution à travers 10 axes défend la bonne gouvernance dans le monde des affaires en vue de défendre les droits des employés et des ouvriers, et ceux de l’environnement. Elle œuvre aussi pour la lutte contre la corruption. Dans cette institution, chaque Etat membre doit présenter un rapport annuel concernant son engagement aux critères fixés, comme par exemple celui réclamant que le tiers du personnel soit constitué de femmes.

— Où en sont les entreprises arabes concernant la lutte contre la corruption ?

— La lutte contre la corruption se concentre sur deux axes. J’ai dernièrement expliqué au cours d’un sommet de Global Compact qu’il ne fallait pas se concentrer seulement sur les compagnies corrompues dans les pays pauvres en oubliant les corrupteurs dans les pays riches. J’ai aussi dit que celui qui accepte le pot-de-vin doit être criminalisé une fois, tandis que celui qui le propose est criminalisé deux fois, puisqu’il a proposé une corruption et encouragé un autre à l’accepter. Les pays développés ont favorablement accueilli cette idée, puisqu’elle aide à déterminer les responsabilités. Donc quand la corruption concerne les responsabilités financières, elle se transforme en phénomène international. La région arabe n’est pas celle où il y a le plus de corruption, or nous la voulons la plus propre de toute forme de corruption. C’est de là qu’est venue l’idée de la fondation de centres affiliés à notre institution dans la région arabe. Nous avons commencé par l’Egypte et la Jordanie, et récemment la Syrie.

— Vous êtes l’un des fervents défenseurs des droits d’auteur dans le monde arabe. Pourquoi ces droits ne sont-ils pas respectés dans les pays arabes ?

— Il n’est plus permis de continuer de nous autoflageller et d’adresser une critique injuste à la situation des droits d’auteur dans le monde arabe. J’ai eu l’occasion de témoigner par moi-même du processus de mise en place des systèmes des droits d’auteur dans le monde arabe, depuis 40 ans. Je peux dire qu’il existe dans tous les pays arabes sans exception des lois et des législations les protégeant. Il existe également des verdicts qui octroient les droits à ceux qui les méritent dans tous les pays arabes. A travers ma présidence de l’Institution arabe pour la protection des droits d’auteur, j’ai contribué à développer les législations et à présenter les consultations nécessaires dans ce domaine. Pour défendre les droits d’auteur dans le monde arabe, nous devons mettre en lumière que notre nation arabe est la victime et non pas l’agresseur. Les produits imités nous parviennent d’autres pays et sont vendus dans nos marchés, ce qui porte préjudice à nos produits et à nos commerçants. Je voudrais mettre l’accent sur le fait qu’il n’y a pas de recul au niveau des droits d’auteur, au contraire, il y a davantage d’intérêt et de respect portés à leur égard.

— Quels sont les mécanismes qui nous manquent pour développer l’intérêt accordé aux droits d’auteur ?

— Il y a des facteurs qu’il faudra prendre en considération, dont la sensibilisation à l’importance des droits intellectuels, puisque ce sont ces droits qui encouragent l’investissement dans la créativité. Et dans le cas d’absence de la protection, les intellectuels et les créateurs arabes sont découragés. Nous avons donc besoin de faire parvenir aux publics que les droits intellectuels constituent une nécessité nationale aidant au développement. Il est également nécessaire de parvenir à des législations qui doivent être continuellement développées. Il est de même nécessaire de fonder des tribunaux spécialisés dans le domaine des droits d’auteur, de façon à ce qu’il y ait des juges et des avocats spécialisés dans ce domaine. De plus, les systèmes de surveillance et de contrôle doivent être développés, puisque les lois qu’ils appliquent ont été promulguées depuis plus de 10 ans et les amendes fixées sont trop faibles. C’est pour cela que nous œuvrons actuellement avec un grand nombre de pays arabes pour parvenir à des accords de coopération avec les douanes, afin de les aider à détecter les produits qui violent les droits intellectuels. En ce qui concerne les marques déposées, nous avons fondé une banque d’informations qui comprend plus d’un million de marques déposées dans la région arabe. C’est ainsi qu’il est devenu possible par des moyens électroniques de découvrir tout viol de ces marques. Dans ce contexte, nous encourageons les créateurs à confectionner des marques commerciales tout à fait nouvelles et à s’éloigner des marques déjà déposées.

— Quelles seront les répercussions de la crise économique mondiale sur les économies arabes ?

— Il ne s’agit pas seulement d’une crise. Il s’agit d’une étape de changement radical dans les régimes financiers, politiques, économiques et monétaires et également dans les blocs et les puissances économiques. Ce changement aura des répercussions dangereuses sur les pays développés en premier lieu. Elles varieront sur les autres pays selon leur lien avec les économies puissantes, notamment l’économie américaine. Ce changement nécessite une mutation dans les notions sociales. Le capitalisme libre se transformera en capitalisme de l’Etat, c’est-à-dire soumis à des politiques déterminées par l’Etat.

Les fondements des économies arabes sont en bon état. Dans ce contexte, il est indispensable de faire la différence entre l’économie réelle et l’économie marginale ou l’économie virtuelle, c’est-à-dire l’économie basée sur le marché des actions. En effet, les transactions dans les Bourses n’ajoutent rien aux économies nationales. Il est certain que les pays arabes seront influencés par les changements économiques dans les pays développés. Les changements dans les pays développés mèneront au transfert dans les pays arabes de la stagnation à la récession et de la hausse des prix à la récession des ventes. Par conséquent, les industries basées sur l’exportation vers les marchés américains et européens seront influencées par la récession à cause de la baisse de la demande sur les produits et les services. Par ailleurs, les mutations économiques mèneront à l’apparition de nouveaux blocs économiques. Le monde deviendra donc un monde aux multiples blocs économiques, aux multiples monnaies principales, aux multiples centres monétaires et aux multiples régimes financiers alors qu’il n’y avait jusqu’à présent qu’un seul centre, les Etats-Unis. De nouveaux pôles apparaîtront comme la Chine, la Russie, l’Inde, la Corée et le Brésil.

Ce nouvel ordre mondial multipolaire aura comme conséquence l’affaiblissement de l’arrogance d’Israël qui se base sur le soutien absolu de l’unique pôle américain. En effet, l’économie israélienne se base essentiellement sur ses exportations vers les marchés occidentaux. Par conséquent, son économie sera influencée par la récession des économies occidentales. Je pense que l’équilibre des forces économiques dans la région reviendra à des fondements naturels et logiques. C’est ainsi que l’économie égyptienne devra prendre la tête à la place d’Israël qui se base sur les économies d’autrui. Il surviendra donc un changement géo-économique dans la région qui redonnera à l’Egypte son rôle pionnier.

Propos recueillis par
Magda Barsoum

 




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