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Désertification. Neuf ans après la ratification de la Convention des Nations-Unies de Lutte contre la Désertification (CLD), l’Egypte soumet son programme d’action nationale au comité coordinateur. Ismaïl El Bagouri, membre du comité scientifique international, évoque ses enjeux.

« Les gouvernements doivent procéder à des changements politiques importants »

Al-Ahram Hebdo : Comment expliquez-vous le retard pris dans l’élaboration du programme d’action nationale contre la désertification ?

Ismaïl El Bagouri : Tout d’abord, il faut préciser que l’Egypte a été le quatrième pays à signer la Convention des Nations-Unies sur la Lutte contre la Désertification (CLD). L’Assemblée du peuple l’a ratifiée en 1996. La CLD a été adoptée en 1994 à Paris et est actuellement signée par 179 pays. Contrairement à d’autres traités internationaux, la convention établit un cadre d’action contraignant et impose aux parties signataires de s’acquitter d’un certain nombre d’obligations. La plus importante consiste dans l’élaboration d’un Programme d’Action Nationale (PAN) par chaque pays touché afin de mettre en œuvre la convention. En fait, depuis 1996, un comité scientifique égyptien a été formé afin d’élaborer le PAN, mais rien n’a été réalisé. Pire encore, plusieurs Centres de recherche ont été chargés de l’affaire, en vain. Finalement c’est le Centre de recherches sur le désert qui a été chargé d’élaborer le PAN. Il faut également mentionner que ce PAN doit être révisé par un autre comité coordinateur afin de le soumettre au secrétariat général de la CLD. Il sera examiné lors de la prochaine réunion des parties, autrement dit, la septième Conférence Des Parties (CDP) à la Convention, qui aura lieu du 17 au 28 octobre 2005 à Nairobi.

— En quoi consiste le PAN de chaque pays ?

— La communauté internationale est depuis longtemps consciente que la désertification pose un grave problème économique, social et environnemental à de nombreux pays de toutes les régions du monde. C’est la raison pour laquelle la CLD représente une reconnaissance internationale aussi bien du phénomène de la désertification et de ses causes que des moyens de lutte pour contrecarrer le phénomène. D’où la stipulation que le PAN de chaque pays doit renforcer la participation populaire et créer un environnement porteur susceptible de permettre aux populations locales elles-mêmes de mettre fin à ce processus de dégradation des terres. Les gouvernements sont responsables de la création de cet environnement et doivent procéder à des changements politiques importants comme la décentralisation accrue du pouvoir de décision, l’amélioration des régimes fonciers, et l’attribution d’un réel pouvoir aux communautés locales, aux cultivateurs et aux éleveurs. Le PAN ne doit pas être un catalogue, un ensemble de fiches ou de documents de projets mais un véritable cadre stratégique de lutte contre la désertification intégré aux autres politiques de développement durable du pays. En outre, il doit être souple et pouvoir être adapté aux circonstances.

— La sensibilisation concernant la désertification en Egypte est-elle à votre avis suffisante ?

— Malheureusement, il faut reconnaître le manque de toute sensibilisation et de connaissance au sujet de la désertification dans la grande majorité des pays. Le problème de la désertification coûte au niveau mondial 42 milliards de dollars par an. C’est ce qui a poussé les organisations internationales à poser une définition spécifique de ce terme : ce sont les facteurs qui causent la perte ou la diminution de la productivité et des ressources naturelles partiellement ou complètement, dans le monde et notamment en Afrique. Il s’agit donc de certains facteurs dont la salinité, le manque de pluies, la pollution de l’air, de l’eau et du sol, les activités humaines, notamment dans le secteur foncier. Cette définition doit être diffusée pour que tous les acteurs concernés, allant du paysan au chercheur et directeur de centre spécialisé aient une idée de tous les facteurs causant la désertification. En Egypte, en particulier, il est question également de gestion des ressources hydrauliques qui, si elle n’est pas adéquate, provoque la désertification.

— Il existe donc une mauvaise gestion de l’eau en Egypte ...

— Absolument. Je dois vous dire que nous avons perdu en Egypte, notamment dans la vallée du Nil, environ 700 000 feddans à cause de la mauvaise gestion de l’eau menant à une importante diminution de la productivité des terres agricoles. Les responsables ont fixé comme objectif de mettre fin à ce problème. Récemment, le ministère des Ressources hydrauliques a appliqué un système de drainage souterrain qui permet de se débarrasser de l’excès d’eau retenue sur les terres. Ce système a été plus efficace que le drainage traditionnel surtout pour diminuer le taux de salinité des sols. Il est utilisé actuellement dans environ 40 % du Delta. Par ailleurs, dans le Sinaï, nous avons observé que la salinité du Canal de la paix (Téreat al-salam) a atteint depuis quelques années un niveau inquiétant. Cela a provoqué des problèmes à tous les cultivateurs et même investisseurs. Aujourd’hui, des stations mesurent la salinité et la pollution avant que l’eau n’entre dans le canal. Il est prévu que 400 000 feddans seront cultivés autour du canal. Le taux de salinité actuel n’empêche pas les cultures.

— Comment, selon vous, est-il possible d’agir plus efficacement contre la désertification ?

— L’Egypte fait partie de ces pays ayant droit à des aides internationales pour lutter contre la désertification. Donc, il faut tout d’abord une coordination entre les ministères concernés dont ceux de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de l’Environnement. Cette coordination permettra d’échanger les recherches et les informations. Il faut modifier toutes les pratiques agricoles concernant les engrais, pesticides et modes de culture. Cela est d’une importance majeure afin d’apporter des conseils aux agriculteurs et investisseurs qui aspirent à investir sur ces terres. Sans oublier que toutes les matières enseignées dans les facultés d’agronomie doivent aller de pair avec les nouveaux systèmes et techniques agricoles. L’Egypte a fait de nombreuses études dans ces domaines, donc elle peut coopérer avec des pays comme la Tunisie et le Maroc qui ont réalisé des avancées sur le chemin de la lutte contre la désertification .

Propos recueillis par
Racha Hanafi

 

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