— En quoi consiste le PAN de
chaque pays ?
— La communauté internationale
est depuis longtemps consciente que la désertification
pose un grave problème économique, social et
environnemental à de nombreux pays de toutes
les régions du monde. C’est la raison pour laquelle
la CLD représente une reconnaissance internationale
aussi bien du phénomène de la désertification
et de ses causes que des moyens de lutte pour
contrecarrer le phénomène. D’où la stipulation
que le PAN de chaque pays doit renforcer la
participation populaire et créer un environnement
porteur susceptible de permettre aux populations
locales elles-mêmes de mettre fin à ce processus
de dégradation des terres. Les gouvernements
sont responsables de la création de cet environnement
et doivent procéder à des changements politiques
importants comme la décentralisation accrue
du pouvoir de décision, l’amélioration des régimes
fonciers, et l’attribution d’un réel pouvoir
aux communautés locales, aux cultivateurs et
aux éleveurs. Le PAN ne doit pas être un catalogue,
un ensemble de fiches ou de documents de projets
mais un véritable cadre stratégique de lutte
contre la désertification intégré aux autres
politiques de développement durable du pays.
En outre, il doit être souple et pouvoir être
adapté aux circonstances.
— La sensibilisation concernant
la désertification en Egypte est-elle à votre
avis suffisante ?
—
Malheureusement, il faut reconnaître le manque
de toute sensibilisation et de connaissance
au sujet de la désertification dans la grande
majorité des pays. Le problème de la désertification
coûte au niveau mondial 42 milliards de dollars
par an. C’est ce qui a poussé les organisations
internationales à poser une définition spécifique
de ce terme : ce sont les facteurs qui causent
la perte ou la diminution de la productivité
et des ressources naturelles partiellement ou
complètement, dans le monde et notamment en
Afrique. Il s’agit donc de certains facteurs
dont la salinité, le manque de pluies, la pollution
de l’air, de l’eau et du sol, les activités
humaines, notamment dans le secteur foncier.
Cette définition doit être diffusée pour que
tous les acteurs concernés, allant du paysan
au chercheur et directeur de centre spécialisé
aient une idée de tous les facteurs causant
la désertification. En Egypte, en particulier,
il est question également de gestion des ressources
hydrauliques qui, si elle n’est pas adéquate,
provoque la désertification.
— Il existe donc une mauvaise
gestion de l’eau en Egypte ...
— Absolument. Je dois vous
dire que nous avons perdu en Egypte, notamment
dans la vallée du Nil, environ 700 000 feddans
à cause de la mauvaise gestion de l’eau menant
à une importante diminution de la productivité
des terres agricoles. Les responsables ont fixé
comme objectif de mettre fin à ce problème.
Récemment, le ministère des Ressources hydrauliques
a appliqué un système de drainage souterrain
qui permet de se débarrasser de l’excès d’eau
retenue sur les terres. Ce système a été plus
efficace que le drainage traditionnel surtout
pour diminuer le taux de salinité des sols.
Il est utilisé actuellement dans environ 40
% du Delta. Par ailleurs, dans le Sinaï, nous
avons observé que la salinité du Canal de la
paix (Téreat al-salam) a atteint depuis quelques
années un niveau inquiétant. Cela a provoqué
des problèmes à tous les cultivateurs et même
investisseurs. Aujourd’hui, des stations mesurent
la salinité et la pollution avant que l’eau
n’entre dans le canal. Il est prévu que 400
000 feddans seront cultivés autour du canal.
Le taux de salinité actuel n’empêche pas les
cultures.
— Comment, selon vous, est-il
possible d’agir plus efficacement contre la
désertification ?
— L’Egypte fait partie de ces
pays ayant droit à des aides internationales
pour lutter contre la désertification. Donc,
il faut tout d’abord une coordination entre
les ministères concernés dont ceux de l’Agriculture,
des Ressources hydrauliques et de l’Environnement.
Cette coordination permettra d’échanger les
recherches et les informations. Il faut modifier
toutes les pratiques agricoles concernant les
engrais, pesticides et modes de culture. Cela
est d’une importance majeure afin d’apporter
des conseils aux agriculteurs et investisseurs
qui aspirent à investir sur ces terres. Sans
oublier que toutes les matières enseignées dans
les facultés d’agronomie doivent aller de pair
avec les nouveaux systèmes et techniques agricoles.
L’Egypte a fait de nombreuses études dans ces
domaines, donc elle peut coopérer avec des pays
comme la Tunisie et le Maroc qui ont réalisé
des avancées sur le chemin de la lutte contre
la désertification .