Après
38 ans d’occupation, le retrait israélien de
Gaza est le quatrième dans l’épopée de la lutte
pour la défense des territoires arabes. Il s’ajoute
aux retraits israéliens du Sinaï, en mars 1957
et avril 1982, et du Sud-Liban, en 2000. Cela
signifie que l’occupation, quelle que soit sa
durée, est une « phrase intercalaire » dans
la vie des peuples, comme le dit le défunt géographe
égyptien, le Dr Gamal Hamdane. Partant, il faut
qu’Israël s’installe rapidement à la table des
négociations et accepte l’initiative arabe appelant
au retour aux frontières de 1967.
Sharon
commet une grande erreur en pensant que le retrait
de ses forces de Gaza soutient son plan de judaïsation
totale de Jérusalem. La nation arabe ne renoncera
jamais à la Ville sainte, quelle que soit la
durée de l’occupation. Depuis son accession
au pouvoir en février 2001, Sharon vise à isoler
la ville et à poursuivre le processus de judaïsation
avant les élections israéliennes prévues en
janvier 2006, c’est-à-dire dans 5 mois.
La
nomination de Sharon à la tête du gouvernement
israélien a engendré une suite de violations
de Jérusalem ininterrompue jusqu’à ce jour.
Plusieurs éléments le démontrent clairement.
Premièrement,
Jérusalem est entourée d’un système de défense
très spécial : l’installation du mur de sécurité
s’y ajoute à l’augmentation du nombre de colonies
qui entourent la ville. Trois chaînes de colonies
liées entre elles encerclent Jérusalem. La première
atteint Bethléem, la deuxième se situe entre
l’est de la ville et son prolongement du côté
de l’est, pour la séparer de Jéricho. La troisième
se situe à la porte nord de Jérusalem pour la
séparer de la ville de Ramallah. Ce dispositif
est complété par la concentration de colonies
au milieu de la ville et par l’installation
d’une nouvelle colonie en plein milieu de Jérusalem,
dans le quartier du Cheikh Garah.
Deuxièmement,
les tentatives renouvelées des groupes juifs
fanatiques de profaner la mosquée Al-Aqsa et
de provoquer les sentiments des musulmans. Par
exemple, un groupe de juifs appartenant au mouvement
des Gardiens du Mont du temple a tenté de poser,
le 29 juillet 2001, une pierre d’assise symbolique
du prétendu troisième temple dans la région
de la porte des Marocains, à l’extérieur de
la mosquée Al-Aqsa. La Haute Cour israélienne
avait un temps approuvé cette tentative pour
satisfaire la droite extrémiste qui désire transformer
et judaïser les monuments islamiques. Or, promulguer
une telle décision n’est pas du ressort de la
justice israélienne, puisque les régions de
la porte des Marocains, du Mur des lamentations
et des palais ommeyades sont des waqfs islamiques
de Jérusalem. Rappelons aussi les pressions
exercées par la droite extrémiste pour obliger
Sharon à tenir les promesses qu’il avait faites
dans son programme électoral concernant la permission
aux juifs de pénétrer la ville de Jérusalem.
En réponse à ces pressions, Sharon a formé un
comité ministériel pour étudier la possibilité
pour les juifs de visiter les esplanades d’Al-Aqsa.
Et en avril 2001, il a donné aux appareils de
sécurité des directives afin de déterminer la
meilleure façon de garantir ce qu’il a appelé
le droit des juifs de visiter les esplanades
de la mosquée Al-Aqsa.
Troisièmement,
une guerre psychologique a été déclenchée contre
les habitants arabes de Jérusalem comme l’organisation
de manifestations provocantes dans les rues
de la ville et auprès des portières de la mosquée
Al-Aqsa et du Mur des lamentations. Ou les attaques
contre les citoyens palestiniens et la confiscation
de leurs territoires et propriétés dans les
quartiers entourant la mosquée. En plus de l’interdiction
aux musulmans de faire la prière du vendredi
dans la mosquée.
Quatrièmement,
la tentative de diviser la mosquée Al-Aqsa,
comme il a été fait pour le caveau des patriarches.
La proposition faite en juillet 2001 par le
ministre israélien des Religions au ministre
de la Sécurité intérieure n’est autre qu’une
répétition de propositions arabes précédentes
concernant l’isolement d’une partie des esplanades
d’Al-Aqsa pour garantir que les pierres ne soient
pas jetées en direction du Mur des lamentations,
dans l’objectif de protéger les juifs fanatiques
lors de leur rassemblement face au mur. Le ministre
des Religions avait alors proposé d’isoler une
partie de l’Esplanade des mosquées derrière
le mur des lamentations, en déterminant une
ligne que les Palestiniens n’ont pas le droit
de dépasser. Tout Palestinien qui dépasserait
cette ligne serait immédiatement arrêté.
Il
semble clair que l’objectif essentiel de cette
proposition est de mettre graduellement la main
sur l’Esplanade des mosquées et la diviser comme
le caveau des patriarches à Hébron en 1994,
et ce dans une tentative de poser la première
pierre d’un troisième temple ...
Cinquièmement,
les opérations de creusement des tunnels sous
les murailles de la mosquée Al-Aqsa se poursuivent
depuis 1967, dans l’objectif de découvrir le
prétendu troisième temple. Elles ont causé des
fissures dangereuses dans les bâtiments d’Al-Aqsa,
en particulier sous le Mur des lamentations
du côté ouest.
C’est
ainsi que Sharon poursuit simultanément les
opérations d’isolement et de judaïsation de
Jérusalem, alors que l’opinion publique arabe
et mondiale est préoccupée par le suivi du retrait
israélien de Gaza. Il faut que la nation arabe
mette un terme aux plans de Sharon concernant
Jérusalem et il faut que les habitants de Jérusalem
résistent face aux différentes procédures de
judaïsation de la ville considérée comme le
noyau du conflit arabo-israélien. La nation
arabe a besoin d’un sommet arabe extraordinaire.