Al-Ahram Hebdo,Invité | Farkhonda Hassan
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 Semaine du 10 au 16 juin 2009, numéro 770

 

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Un projet de loi proposé par le gouvernement et prévoyant de consacrer aux femmes 56 sièges au Parlement fait l’objet d’un débat socio-juridique. La secrétaire générale du Conseil national de la femme, Farkhonda Hassan, apporte son analyse.

«Le conseil a émis des réserves
sur le nombre des sièges »

Al-Ahram Hebdo : Que pensez-vous de la nouvelle législation proposée par le Parti National Démocrate (PND, au pouvoir) visant à consacrer 56 sièges parlementaires à des femmes ?

Farkhonda Hassan : Cette démarche de la part du PND s’inscrit dans une volonté d’appliquer l’article 62 de la Constitution. Pour mettre en vigueur cet article, le gouvernement a proposé l’amendement de la loi 38 de l’année 1972 concernant le Parlement afin de pouvoir consacrer un quota aux femmes. Le Conseil national de la femme a étudié les amendements proposés par le gouvernement, puisqu’il est de ses compétences de donner des avis juridiques en ce qui concerne les lois et les décisions touchant aux femmes. Les amendements ont été approuvés de principe de la part du Conseil qui a tout de même émis des réserves, notamment en ce qui concerne le nombre de sièges proposé par le gouvernement et qui reste inférieur à nos ambitions. De façon générale, le Conseil national de la femme considère cette initiative comme un premier pas qui devra être suivi par d’autres pour permettre une représentation féminine plus adéquate au Parlement.

— Est-il probable que ce projet de loi soit rejeté pour cause d’inconstitutionnalité partant du principe qu’il implique une discrimination ?

— En réalité, les experts du droit constitutionnel ne sont pas unanimes sur la question. Certains estiment que cette proposition implique une discrimination au profit des femmes, ce qu’ils considèrent contraire à la Constitution, d’autres juristes estiment que cette discrimination positive n’est nullement contraire à la Constitution. Ces derniers se réfèrent à d’autres textes de la Constitution pour mettre en valeur la compétence de l’Etat de prendre les mesures nécessaires afin d’assurer une représentativité politique équitable. Cette interprétation met également l’accent sur un principe plus général relatif à la responsabilité de l’Etat d’aider les femmes à coordonner entre leur travail et leurs responsabilités.

L’avis le plus dominant tend à considérer que cette discrimination positive est conforme à la Constitution, voire qu’elle en est inspirée.

— Quelle est votre conception des propositions et des législations qui doivent être adoptées pour renforcer la participation politique de la femme ?

— Depuis 3 ans, le Conseil national de la femme a fondé un centre de formation politique pour aider les femmes désireuses de s’engager dans les batailles électorales et les former par l’intermédiaire d’un certain nombre de programmes offerts au Caire et dans plusieurs autres gouvernorats. Pendant ces trois ans, le centre a formé plus de 900 femmes qui se sont lancées dans la vie politique, syndicale et parlementaire.

— Dernièrement, des femmes ont occupé les postes de maire, de juge et de maazoun, etc. Que pensez-vous de ce progrès ?

— Les femmes égyptiennes ont réussi à prouver leur compétence et leur capacité à travailler dans tous les domaines. Dernièrement, une femme a réussi à prouver à sa société rurale qu’elle est capable d’exercer les fonctions de maire, et finalement elle a été nommée à ce poste politique critique. Cela signifie qu’elle est capable de s’engager dans tous les domaines. Pour être nommées juges, plusieurs femmes se sont engagées dans une longue bataille avant d’obtenir ce droit. Maintenant, la voie est ouverte devant d’autres femmes des nouvelles générations pour occuper ce poste, surtout que les femmes juges ont prouvé une grande compétence partout où elles ont travaillé. Finalement, la femme maazoun (notaire scellant les mariages et les divorces) s’est engagée toute seule dans ce combat, par conviction de son droit à l’égalité avec les hommes dans tous les domaines. Il est important de signaler que la première maazoun a été nommée dans un village, ce qui prouve (comme dans le cas de la femme maire) qu’un grand changement s’est produit dans la société en faveur de la femme. Et il faut aussi reconnaître que le Conseil national de la femme a déployé d’énormes efforts pour enraciner le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes.

— Malgré toutes ces avancées, une grande proportion des Egyptiens reste convaincue que les femmes sont incapables de s’engager dans l’action politique et publique. Comment est-il possible de changer cette vision ?

— Il est très important d’analyser les raisons et les facteurs qui favorisent une telle opinion. Je pense que les médias y sont pour beaucoup. Prenons comme exemple le Parlement, puisqu’il s’agit là d’un débat le concernant. En effet, malgré la présence de plusieurs femmes députées, ce sont les hommes qui se trouvent toujours sous les projecteurs, leurs débats et discours sont largement couverts. Il n’en est pas de même pour les femmes dont le rôle et les activités ne sont en rien moindres que ceux de leurs collègues hommes.

— Croyez-vous que cette discrimination positive qui offrirait aux femmes des sièges au Parlement devra être appliquée pour une période définie juste pour donner aux citoyens l’occasion de s’habituer à une représentation élargie des femmes ou bien doit-elle être appliquée pour toujours ?

— Une autre fois, j’affirme que la Constitution égyptienne a accordé à la femme le droit d’avoir une représentation réelle au sein du Parlement. De là est venue la proposition revendiquée par le parti au pouvoir et soumise au gouvernement pour consacrer un certain nombre de sièges aux femmes. A mon avis, c’est un droit permanent et qui ne doit pas être limité à une période délimitée. Les citoyens sont déjà habitués à l’idée de la représentativité des femmes. D’ailleurs, nombreuses sont les femmes qui ont réussi aux élections parlementaires et qui ont prouvé à leurs concitoyens leur capacité à les représenter et à exprimer leurs ambitions et leurs besoins au sein du Parlement.

Propos recueillis par Magda Barsoum

 




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