Al-Ahram Hebdo, Opinion | Bienvenue à la civilisation des talibans
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 20 au 26 mai 2009, numéro 767

 

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Opinion
 

Bienvenue à la civilisation des talibans

Mohamed Salmawy

Il n’est pas correct de dire que la danse orientale, telle que nous l’avons connue au fil de l’Histoire, remonte à l’époque des pharaons et de dire aussi que les bas-reliefs antiques illustrent des danseuses portant la même tenue de danse que celle que nous connaissons aujourd’hui.

Il n’est pas vrai non plus de considérer la danse comme un art raffiné qui est authentique pour nous et qui exprime l’essence de notre peuple. Il serait faux de dire que la danse est un art authentique hérité à travers les générations des danseuses des bas-reliefs pharaoniques jusqu’à Zouba Al-Kloubatiya, Bamba Kachar, Hekmat Fahmi, Tahiya Carioca, Samia Gamal et Nagwa Fouad. Il serait erroné au même titre d’avancer que le monde entier célèbre cet art que nous avons exporté aux autres pays. Ce n’est pas vrai non plus que cet art est à l’image de toutes les professions qui atteignent les plus hauts degrés de sublimité spirituelle, comme c’était le cas pour Farida Fahmy dans les années 1960.

En même temps, la danse peut également être un simple moyen de gagne-pain, tel qu’elle est conçue par certaines danseuses de cabarets. Raison pour laquelle je suis tout à fait d’accord avec ceux qui appellent à interdire la danse orientale et désapprouvent totalement qu’elle soit initiée dans des écoles spécialisées. Ce, en partant du principe disant qu’il vaut mieux éviter les désavantages qui en découlent. D’autant que ce sont seuls les prostituées qui la pratiquent pour reprendre le prétexte des tenants de cet avis. Nous sommes d’ailleurs de l’avis disant que mieux vaut éviter le mal que profiter des intérêts qui peuvent en découler. Et puisqu’il y a une tranche de la société qui n’apprécie pas la danse, mieux vaut l’interdire catégoriquement. Comme nous avons été le seul pays au monde ayant décidé d’abattre les porcs pour éviter l’éventuelle menace de la grippe porcine.

Au même titre, nous devons interdire la danse pour éviter le mal qui peut en découler. Il est vrai que le monde entier est en train de se moquer de la décision de notre gouvernement raisonnable relative à l’abattage de l’espèce de porcs égyptiens, parce que cette mesure ne préviendrait pas la maladie chez l’homme. Nous devons toutefois être confiants en nous-mêmes et nous ne devons guère nous soucier de ce que le monde pense de notre génie exceptionnel, qu’il est loin de connaître.

Je saisis ici l’occasion pour appeler à l’interdiction et à la suppression de tout ce qui peut entraîner un mal quelconque. A titre d’exemple, les instituteurs de chez nous frappent les enfants dans quelques écoles. Ils portent atteinte à leur mentalité et leur font du chantage pour les inciter à prendre des leçons particulières. Pour appliquer la même règle, il vaudrait alors mieux fermer les écoles pour empêcher le mal et également les cinémas et les boîtes de nuit.

La danse ne peut pas exister sans musique. Il est vrai que le prophète Mohamad, de qui l’on a transmis de nombreux hadiths sur la musique, était sensible à l’art raffiné. A son entrée à Médine, la musique et les chants étaient à son accueil, mais il faut avouer que nous ne vivons pas à l’époque du prophète. Nous vivons celle des talibans, qui ont interdit effectivement la musique en Afghanistan, fermé les écoles de filles et détruit certains monuments anciens que l’humanité considère comme des merveilles du monde. Ils les ont détruits parce qu’ils n’y ont vu qu’un symbole d’athéisme, de mécréance et d’idolâtrie. Ces talibans n’ont vu dans la musique qu’une source de débauche et de fornication, et dans les écoles une source d’immoralité pour les filles. Pourquoi donc n’agirons-nous pas de la même manière ?

Je suis favorable à l’ouverture sur la pensée des talibans qui a commencé à se propager avec une grande ampleur chez nous, selon la règle qui préconise qu’il vaut mieux éviter le mal que rechercher les intérêts. Cette mentalité a commencé à se glisser dans nos esprits et nos mentalités. Non seulement chez les adeptes de la pensée des talibans, parmi nos génies de cheikhs, mais également dans tous les organismes de l’Etat. Comme nous avons vu les adeptes de cette mentalité appelant à interdire la danse pour éviter le mal qui peut éventuellement y survenir. Nous avons également vu le gouvernement tuer les porcs, pour contrer la menace de la grippe porcine et avons trouvé la justice ordonner de fermer une revue littérature à cause d’un seul poème.

Bienvenue donc à la société des talibans vers laquelle nous nous dirigeons à pas rapides tous les jours un peu plus, pour affirmer au monde que le pouvoir des talibans qui a connu une chute en Afghanistan depuis plusieurs années, mais qu’en Egypte, en revanche, nous sommes capables de le ressusciter.

A partir de cette Egypte, terre de la civilisation, de la culture et de la pensée, berceau des religions monothéistes, cœur de l’islam ayant donné naissance, de par sa croyance reposant sur la tolérance et la pensée créative, à l’une des illustres civilisations de l’humanité. Celle dont les apports s’étendent des frontières de la Chine, à l’Est, vers ceux de la France, en Occident. L’islam n’a pas donné naissance à cette civilisation en détruisant les monuments, en fermant les écoles, en interdisant la danse et la musique, en licenciant les revues littéraires ou en tuant les porcs. Cependant, ces mesures ingénieuses et innovatrices d’aujourd’hui, elles, feront sa gloire et garantiraient l’avancée de cette patrie et sa prospérité parmi toutes les nations de la terre.

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