Librairie .
Propriété de la maison d’édition syrienne du même nom,
Al-Mada a récemment ouvert ses portes au centre-ville du
Caire. L’événement tombe à point nommé en cette année 2008
qui fait de Damas la Capitale de la culture arabe.
Un pont vers la Syrie
A deux foulées de la place Talaat Harb et en face de
l’enseigne mythique du café Riche est nichée la nouvelle
librairie, Al-Mada. Voilà deux mois que cette adresse très
courue du milieu intellectuel cairote a ouvert ses portes
vitrées, deux mois que ses étagères regorgent de
publications de qualité.
La maison d’édition Al-Mada a été créée par l’Iraqien Karim
Fakhri à Damas, alors qu’il fuyait le régime de Saddam
Hussein. Aujourd’hui, on trouve des points de ventes à
Beyrouth et Bagdad, et depuis quelques semaines au Caire.
L’installation d’Al-Mada vient combler un grand vide chez un
lectorat pour qui le livre arabe n’est procuré que très
rarement, et presqu’uniquement pendant la Foire du livre du
Caire.
Madame Ban, une Iraqienne mariée à un Egyptien, est la
directrice de l’antenne cairote. Elle explique les
spécificités des publications de cette maison d’édition au
milieu des hautes bibliothèques en bois verni, créant une
atmosphère à la fois chaleureuse et studieuse. « Le lectorat
égyptien nous connaît car avant d’ouvrir cette librairie,
nous étions présents sur les stands de la Foire du livre du
Caire. Le mot d’ordre des éditions Al-Mada est la qualité de
la traduction, c’est pourquoi nous avons à faire à un
lectorat exigeant et intellectuel », explique-t-elle, en
désignant les ouvrages qui l’entourent. La qualité des
livres proposés par la librairie lui épargne de sombrer dans
la crise qui touche le monde de l’édition, puisque le
lectorat est très ciblé et fort intellectuel.
« La maison d’édition Al-Mada a notamment forgé sa
réputation sur les traductions des prix Nobels de
littérature, qui année après année, sont traduits par les
plus grands professionnels », précise Mme Ban avec un grand
sourire. S’ajoute à cette collection toujours attendue, les
innombrables romans qui se sont écoulés dernièrement, toutes
maisons d’édition confondues, dans l’ambiance de fête qui
règne à Damas, capitale 2008 de la culture arabe. Une longue
liste orchestrée notamment par des romanciers est qualifiée
par la fièvre du roman syrien, dont Ahera wa nesf magnoun
(une prostituée et un demi fou) de Hanna Mina, Hegrat al-senounou
(la migration des hirondelles) de Heïdar Heïdar, Raehet al-qerfa
(l’odeur de la cannelle) de Samar Yazbak, Zohour wa sara wa
Narimane (Zohour, Sara et Narimane) de Khalil Soueilah,
Manazel al-ghiyab (les demeures de l’absence) de Abir Asbar.
Louise Sarrant