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 Semaine du 7 au 13 mai 2008, numéro 713

 

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Egypte

Grève. L’appel à la grève lancé sur Internet par des activistes ralliés par le mouvement d’opposition Kéfaya et qui devait avoir lieu le 4 mai n’a pas été suivi.

Désamorces

Tout est calme au Caire en ce dimanche 4 mai. Rien ne montre qu’un appel à la grève a été lancé ou que des marches de protestation doivent avoir lieu. Seuls les quelques véhicules de la sécurité centrale, déployés devant les syndicats, sur la place Tahrir et devant les universités indiquent le climat d’expectative qui règne dans les rues de la ville. Devant le Syndicat des avocats, quelques personnes se rassemblent. Ce sont des activistes du mouvement d’opposition Kéfaya. Leur nombre : 10, peut-être 12 tout au plus. Ils appellent les passants à participer à la grève pour protester contre la hausse des prix et la détérioration de la conjoncture économique, réclamer le départ du président de la République et l’instauration d’un régime démocratique. « Un président qui a 80 ans ne peut pas gouverner un pays de 80 millions de citoyens. Faites la grève pour protester contre la pauvreté, contre le chômage et les mauvaises conditions de vie », lance l’un des activistes à qui veut l’entendre. A quelques dizaines de mètres du syndicat, c’est une autre scène qui se monte. Devant un magasin de jus de fruits, plusieurs dizaines de citoyens se bousculent. Mais ici, il n’est pas question de grève. On est venu pour se désaltérer. « Pourquoi faire la grève ? Si autant de gens achètent du jus de mangue et de banane c’est qu’ils ont de l’argent. Il y a 20 ans, ils n’avaient pas cette possibilité », lance le propriétaire du magasin. Et d’ajouter : « Et puis tout le monde va avoir sa prime de 30 %. Pourquoi faire la grève ? ».

L’appel à la grève a été lancé sur Internet par des protagonistes du site Facebook ralliés par le mouvement d’opposition Kéfaya et par la confrérie interdite mais tolérée des Frères musulmans. Comme pour le 6 avril, les Egyptiens étaient appelés à rester chez eux et à se vêtir en noir en guise de protestation contre le régime. Mais quelques jours après cet appel à la grève, le président Moubarak annonce une augmentation-surprise de 30 % des salaires pour les 5,5 millions de fonctionnaires de l’Etat. Un moyen de couper l’herbe sous les pieds de l’opposition et la nébuleuse de bloggueurs, qui avaient symboliquement prôné la grève pour le 4 mai, jour d’anniversaire du président. La stratégie a bien marché. Dans les universités, qui sont habituellement des foyers de protestation, le calme régnait et il n’était pas question de grève. Les professeurs, qui protestaient déjà depuis quelque temps contre la médiocrité de leurs salaires et leurs mauvaises conditions de travail, n’ont pas quitté les salles de cours. Si elle avait eu lieu en ce 4 mai, cette grève aurait fortement embarrassé l’Etat. Il fallait donc la désamorcer à tout prix.

Outre cette prime sans précédent de 30 % accordée aux employés, le président Moubarak s’est rendu dans un complexe industriel de la banlieue du Caire, découpant un gâteau d’anniversaire devant un parterre d’ouvriers, encadrés par un solide service d’ordre. Histoire de prouver qu’il n’y a pas de grève et que la vie suit son cours normal. Tout ceci pendant que les félicitations et les vœux de bon anniversaire au « raïs » pleuvaient dans la presse officielle et que des dizaines de publicité, payées par des hommes d’affaires, louaient le président. Si la grève du 6 avril, lancée également par les protagonistes du Facebook et qui avait donné lieu à des accrochages entre manifestants et forces de l’ordre dans la ville industrielle de Mahallah (ayant fait 3 morts, des centaines de blessés et des arrestations en série) a été un casse-tête pour les autorités, l’Etat a semble-t-il bien retenu la leçon cette fois-ci. En comparaison avec le 6 avril, la présence policière dans les rues du Caire est plus discrète en ce 4 mai. Et aucune mise en garde n’a été adressée à la population dans les journaux officiels contre la grève comme la fois précédente (ce qui avait contribué à accentuer le climat de tension). La seule intervention de la sécurité a été de saisir les t-shirts noirs dans certains commerces afin qu’ils ne soient pas portés par des activistes ou des militants de Kéfaya. En ce 4 mai, la circulation est normale dans les rues de la capitale. Les rues sont calmes. Devant un kiosque à journaux sur la place Tahrir, des citoyens affluent pour acheter les journaux. Personne ne parle de grève. Et lorsqu’on demande à certains pourquoi ils n’y participent pas, ils répondent qu’ils ne savent pas qu’un appel à la grève a été lancé. « Je n’ai pas entendu parler de grève », lance Hagga Mohsena, vendeuse de légumes dans le quartier de Maarouf. Quant aux petits commerçants, ils sont contre la grève qui influe négativement sur ceux qui n’ont pas un salaire fixe et mensuel.

Si la grève du 4 mai n’a pas été suivie, c’est parce que l’Etat est intervenu au moment opportun pour la désamorcer mais peut-être aussi parce que cette grève n’est pas partie d’une base ouvrière ou populaire réelle. Malgré tout, on se plaît à penser que la culture de la protestation a déjà fait son chemin dans la société. « Après le 6 avril, les gens ont commencé à parler et après le 4 mai, les gens parleront encore. Les appels à la grève ont au moins poussé le gouvernement à agir et à augmenter les salaires », souligne un activiste.

Ola Hamdi
May Atta

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