Al-Ahram Hebdo, Voyages | Heureux qui comme Ramsès ...
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 Semaine du 30 Août au 5 Septembre, numéro 625

 

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Voyages

Ramsès II. La statue colossale qui dominait la place du même nom a été enfin déplacée vers le lieu qui sera édifié, le nouveau grand Musée des antiquités, près du plateau des Pyramides.

Heureux qui comme Ramsès ...

Bien qu’il fût encore 23h30, la place Ramsès et ses alentours étaient déjà pleins de gens, la circulation était bloquée et une foule dense était venue assister à l’un des événements les plus importants qu’a vécu Le Caire ces dernières années, à savoir le déplacement de la statue colossale de Ramsès II. Cause : dans l’une des places les plus polluées du Caire, elle risquait de subir de graves dommages. Hommes, femmes et enfants étaient là, le long du pont du 6 Octobre qui traverse la place, sur les balcons des immeubles et des hôtels, les gens étaient juchés sur les balcons et fenêtres pour voir ce grand roi quitter l’endroit où il est dressé depuis 45 ans. Une heure du matin, c’était l’heure du départ. Les gens se rassemblaient de plus belle et s’approchaient de la statue, essayant de lui lancer un regard de près, mais la sécurité était présente et devenait de plus en plus sévère avec ces passionnés. Et les cordons faits de milliers de policiers étaient transformés en passoire sous la pression de la foule.

Pour des raisons techniques, les premiers pas du roi devaient être à l’envers, donnant ainsi sa face à la gare comme si Ramsès voulait faire ses adieux à l’endroit où il a trôné. Cris de joie, sifflements et applaudissements ont retenti lorsque la statue a commencé son trajet long de 35 km. Le départ de Ramsès de son emplacement était tellement excitant qu’un grand nombre de personnes avaient les larmes aux yeux. « J’ai la chair de poule », a déclaré Zahi Hawas, le pourtant imperturbable secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). En fait, Hawas n’était pas le seul à avoir ce sentiment. « Ramsès me fait de la peine. Là sous les pieds de ce grand roi, devant la fontaine, j’attendais chaque matin le bus de mon école. J’étais jeune et j’aimais, ma sœur et moi, regarder les amoureux qui trouvaient du plaisir à rester devant la fontaine », dit Chérine touchée par l’événement. « Ma fille a été opérée hier, mais un événement pareil, je ne pouvais pas le rater », reprend-elle. Pas à pas, le cortège du grand roi a pris son chemin, des soldats encerclaient la statue pour empêcher la foule de trop s’approcher du colosse. Tout avançait lentement et les passionnés de l’Egypte ancienne pouvaient accompagner à pied le cortège qui circulait à une vitesse de 5 et 7 km/h. Haut de 11 mètres, le colosse en granit rouge de 100 tonnes a été transporté en position verticale, enveloppé dans une structure protectrice de fer remplie de mousse pour absorber les chocs, et dressé sur un immense convoi motorisé long de 30 mètres. Des capteurs de mesures de chocs avaient été disposés à son pied. Deux ou trois bus de l’entreprise d’Al-Moqaouloun Al-Arab, qui réalise le projet, étaient à la disposition des journalistes et des employés de l’entreprise pour continuer le chemin derrière le colosse. Tout au long du trajet vers son nouvel emplacement, la statue était suivie en permanence par les caméras de la Télévision égyptienne, qui elle seule avait le droit de diffusion en direct. « On a utilisé 16 voitures avec une moyenne de 30 personnes sur chacune pour garantir la perfection de la diffusion en direct », a déclaré Abdel-Latif Al-Manawi, directeur du département des nouvelles à la télévision égyptienne.

Arrivée à bon port

Pendant 10 heures, la statue a circulé dans les rues et sur les ponts du Caire pour à la fin arriver, à 10h du matin, à son nouvel emplacement devant le musée qui sera construit sur l’autoroute Le Caire-Fayoum. Durant tout le trajet, la nuit, l’aube et le matin, la foule n’a pas laissé le roi d’une minute. « Je n’aurais jamais imaginé la quantité de personnes venues assister à cet événement. Ramsès a réussi à éveiller la conscience du patrimoine chez le peuple égyptien », a dit Zahi Hawas.

Le déplacement de Ramsès a en fait mis fin à un long débat qui a duré près de dix ans entre spécialistes. « Son déplacement était inévitable », assure Hawas qui considère le déplacement comme l’une des plus grandes tâches qu’il a faites pendant sa carrière. Enthousiaste par la réussite de cet événement, il a décidé de déplacer la statue de la belle Merit Amon, qui se trouve à Sohag, pour qu’elle soit également dressée tout près de la statue de Ramsès II dans le nouveau musée. Merit Amon n’est pas le seul projet que compte faire Hawas, il envisage également de déplacer le musée de la barque solaire qui se trouve sur le plateau des Pyramides. « Ce musée enlaidit le site. La barque solaire sera déplacée elle aussi au nouveau musée », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui a été tenue sur le site du musée dont la construction devrait prendre fin en l’an 2010 .

Hala Fares

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Le roi d’Egypte

Ce pharaon a régné de 1279 à 1213 av. J.-C. C’est l’un des plus prestigieux connu pour ses conquêtes et pour les monuments et statues colossaux qu’il fit ériger sur tout le territoire égyptien. A voir, jeudi soir, cette foule acclamer le passage de sa statue colossale vers son nouvel emplacement, on avait l’impression que c’était le roi d’Egypte à qui l’on rendait hommage. Qu’il s’agisse du peuple poussé au départ, peut-être, par un sentiment de curiosité voulant assister à un spectacle, que des intellectuels, tout de suite un vent de sympathie et de soutien a circulé à l’égard de ce pharaon. Sur la place Talaat Harb, au centre-ville, une demi-douzaine de militants de gauche et du mouvement Kéfaya ont salué, roses rouges à la main, le « roi Ramsès ». D’autres, comme l’artiste Mohamad Haridi, n’ont pas manqué de relever que l’amour qu’il ressent maintenant pour ce pharaon revient au fait « qu’il avait vaincu les Hébreux ». Il s’agit évidemment d’une supposition écartée par les égyptologues selon laquelle Ramsès II serait le pharaon de l’exode. En fait, jusqu’à présent, cet épisode n’a pu être situé historiquement. Une des rares mentions, sinon la seule d’Israël dans une source égyptienne, est la stèle de la victoire de Merenptah, successeur de Ramsès II, sur des peuplades et envahisseurs étrangers, notamment libyens, qui se trouve au Musée du Caire. Elle s’intitule stèle d’Israël. Mais la référence à Israël concernerait une population et non un lieu ou un pays et ne figure que sur une ligne. De toute façon, il est certain que c’est en tant que symbole de fierté nationale que Nasser a placé la statue de Ramsès II devant la gare du Caire pour qu’elle soit la première chose qu’aperçoivent les voyageurs arrivés à la capitale. Depuis le traité de paix signé entre l’Egypte et Israël, les rumeurs ont couru sur un déplacement de la statue, à la demande d’Israël. Mais en quelque sorte la réaction des Egyptiens à l’égard de ce transfert a témoigné d’un attachement insoupçonné à l’Histoire ancienne du pays et une identification à celle-ci. A la place Tahrir, lorsque la statue est passée, les gens ont scandé « Misr, Misr » (Egypte, Egypte).

Ahmad Lotfi

 




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