Au
sein du Vieux-Caire, un des plus grands et plus
beaux palais qui remontent à l'époque mamelouke
vient d'être inauguré par Mme Suzanne Moubarak.
Ce palais, qui a été construit au VIIIe siècle de
l'hégire, soit le XIVe siècle de l'ère chrétienne,
est composé de 33 salles. Le prince mamelouk Seifeddine
Taz Ibn Katghag avait décidé de construire un palais
splendide à l'occasion de son mariage avec la fille
du célèbre sultan mamelouk Al-Nasser Mohamad ibn
Qalaoun. Il a choisi l'installation de son palais
dans l'un des plus importantes rues à l'époque :
la rue d'Al-Soyoufiya (Des Epées), dépendant actuellement
du quartier de Khalifa. Le choix de cet endroit
n'a pas été un hasard mais il était question de
pouvoir superviser de près la vie politique en Egypte
et pouvoir y participer. La construction fut achevée
en 753 de l'hégire (soit 1352 de l'ère chrétienne)
: le palais était splendide. Au fil du temps, le
palais du prince Taz a subi de nettes modifications,
surtout à la fin du XIXe siècle puisqu'il a été
transformé en école pour filles. Il s'agissait en
fait de la première école consacrée aux filles dans
l'histoire de l'Egypte. « Dépendant du ministère
de l'Education jusqu'au début des années 2000, le
palais servait de dépôt de matériel scolaire : des
bancs, des chaises et des livres, etc. La masse
énorme de papiers entassés dans les différentes
salles du palais risquait de causer un incendie
», explique Aymane Abdel-Moneim, directeur du projet
de restauration du palais du prince Taz. Négligé,
le palais a été gravement touché par le séisme de
1992 et de celui de 2002, et s'était partiellement
effondré. « L'état du palais a poussé les experts
à proposer sa totale démolition puisqu'il constituait
un vrai danger pour les constructions qui l'entouraient.
Le palais du prince Taz n'a jamais subi de restauration
proprement dite », souligne Abdel-Khaleq Mokhtar,
directeur général des antiquités de la zone sud
du Caire.
Selon
Aymane Abdel-Moneim, ce palais est l'un des plus
beaux dont témoigne l'architecture mamelouke, ce
qui exigeait une action urgente de la part du ministère
de la Culture représenté par le Conseil Suprême
des Antiquités (CSA). « On a commencé la restauration
en 2002. On a réussi à conserver le style original
du palais mamelouk et les constructions annexées
aux bâtiments à l'époque ottomane », reprend Aymane.
Parmi
les trente-trois salles, la plus intéressante est
celle de Haramlek, consacrée aux femmes du palais,
ainsi que deux salles de bains, une consacrée aux
hommes et l'autre aux femmes. Il renferme aussi
un maqaad, où le propriétaire de la demeure reçoit
ses visiteurs. « Lors des travaux de restauration
qui ont été tous accomplis par des experts égyptiens,
on a mis au jour une saqia qui existe à cet endroit
depuis 350 années, ainsi qu'une écurie. Il y a eu
également d'autres trouvailles, dont des actes islamiques,
des manuscrits et un minbar », lance Gamal Moustapha,
inspecteur archéologique et superviseur de la restauration
du palais.
Le
ministère de la Culture a décidé de transformer
ce palais historique en un centre culturel qui a
commencé en fait ses activités pendant ce mois de
Ramadan, juste après son inauguration, la semaine
dernière, par la première dame d'Egypte, Mme Suzanne
Moubarak. « Ce qui caractérise ce nouveau centre
culturel, c'est qu'il a été réutilisé juste après
l'achèvement de sa restauration. Outre les spectacles
artistiques des différentes troupes égyptiennes,
le centre du palais Taz présente actuellement une
exposition baptisée Le Caire 1800, qui expose des
peintures rares de voyageurs et d'artistes italiens
», estime Gamal Mohamad Moustapha. L'exposition
en cours présente 116 tableaux jusqu'à la fin du
mois de Ramadan . |